Interview : Riou Tomita

L'ENIGME RIOU



Aux côtés de Ken Ishii, Yoichiro Sawasaki et Susumo Yokota,Riou Tomita fait dorénavant partie du quarteron leader des technotakus japonais.








Comme tant de ses confrères nippons, Riou est impénétrable. Agé d'à peine 21 ans, il affiche néanmoins mutisme, timidité et réserve face au fringant journaliste occidental. L'entretien est court, le jeune homme répond sommairement aux questions, acquiesce de la tête et semble refuser toute implication personnelle. Il est vrai qu'à l'écoute de ses productions, 2 maxis et un album sortis depuis mars 95, on l'imagine aisément avare de confidences. Riou s'est en effet imposé parmi les Christian Vogel, Richard Bartzou, Jeff Mills, chantres du minimalisme électronique passés maîtres dans l'art de ciseler d'obsédantes lignes rythmiques. Malgré son premier maxi "To-To", hymne dancefloor calibréà la Robert Armani, son album "Exhibition Of The Samples" est un rien austère. Pourtant, pour l'auditeur qui sait se montrer patient, le groove (ou encore le funk ou le twist, quel que soit le nom que l'on veuille bien lui donner), finit toujours par apparaître audétour d'un sample. Tomita excelle dans l'art d'une techno neuronale et mentale, sait tirer le maximum du peu de matériel qu'il détientet manie à merveille textures et bleeps électroniques. Il y a encore quelques années, ce genre d'album n'aurait pu êtres igné que par un maestro-godfather synthétique. Mais Riou fait visiblement partie de cette nouvelle génération pour qui les machines n'ont plus aucun secret. Que cela soit LFO, Autechre ou pourquoi pas les Daft Punk, tous ces artistes ont rapidement trouvé leur son à peine passé l'Riou est certes précoce mais peu loquace. La House n'a vraiment déferlé sur le Japon qu'il y a quatre ans. A cette époque, notre jeune ami n'a que 17 ans et comme beaucoup de ses petits camarades, il est plongé dans les méandres du Metal et du Hard-Rock. Comment le passage à la House se fait-il ? Cela personne ne le saura. Tout au plus avoue-t-il qu'il s'orientera rapidement vers des productions plus strictement techno, s'enfermera en studio pour y fignoler pendant de très longs moisson premier maxi et le reste n'est que littérature. Le label belgeKK Records, au détour d'une simple cassette envoyée par la poste, signera immédiatement le petit nippon.

Riou fait figure de parfait otaku. Il semble comme d'autres cloîtré dans son mutisme. Il ne se reconnaît pas d'influence particulière, si ce n'est l'en musiciens à Osaka, où il réside. Il n'a pas l'air de croire à la qualité des autres productions japonaises, mais reste tout de même très poli vis-à-vis de ses confrères, Ishii, Sawasaki et consorts. Pourtant il refuse de faire un quelconque parallèle entre sa musique et sa vie quotidienne. Celle d'un jeune garçon plongé dans un Japon bardé d'électronique. La seule confidence qu'il daignera nous faire concerne ses futurs projets musicaux. "Je vais essayer de conférer à ma musique un peu plus de chaleur, peut-être plus de mélodie...en bref délaisser mon côté par trop mécanique et industriel". Sur son album, le languissant "Miss Retina" constitue déjà une belle expérience de romantisme minimaliste et sur son dernier maxi "Room For Improvement", il s'écoute de drum & bass jungle. On suivra avec autant plus d'attention la maturation et l'humanisation de ce mystérieux petit Akira.