LUNATIC ASYLUM

Guillaume L. alias, entre autre, Lunatic Asylum, est l'un des rares Français dont l'histoire appartienne totalement à celle de la techno. Un titre comme "The Meltdown" ne vous dira pas forcément grand chose mais il est l'un des premiers à être entré dans l'inconscient musical de tout un chacun, au même titre que le "Wake Up" de Laurent Garnier ou encore le "Da Funk" de Daft Punk.

Tu as commencé par un autre Live que celui de Lunatic Asylum ?

Le premier Live (1991, NDLR) : Bart Simpson, c'était un truc complètement à part. Je trainais à l'époque avec Guillaume la Tortue, Bertrand et toute la clique. "J'aime pas trop le terme."Guillaume m'avait proposé de faire un Live comme ça pour délirer. Et pour ce Live au Shéhérazade, j'avais joué toute la nuit en fait, on avait fait un mix entre Djs et Live. Je balançais des boucles de samples en même temps que Bertrand mixait. On avait déliré comme çà, pratiquement toute la soirée. C'était pas un truc fixe. Parce qu' au début ça à commencé vachement longtemps avant Lunatic, j'étais bien avec les gens d' Usa Import. Pascal (responsable du magasin à Paris, NDLR) faisait une émission à ce moment là sur Fg. Il avait pris des cassettes démos pour les jouer et avait donc vu que je faisais des trucs.

Tu avais un peu de matériel à l'époque ?

Paranoïd SectionNon, j'avais que dalle. J'avais mon Amiga, mon EPS (sampler), et un DX9 (un truc pérave).

Tu as refait ce genre de soirée ?

On l'a refait une fois, et puis il y a eu un long break.

Pourquoi ? T'étais pas attirer par ça ?

Non, parce que j'étais nul ! (rires). Non, c'était pour rigoler, c'en était au stade expérimental. Au stade où quand on commence à faire de la musique, il vaut mieux s'abstenir de sortir des trucs pourris. C'était pour rigoler.

Suite à ces "expérimentations" comment Lunatic Asylum s'est mis en route ?

Petit à petit, en achetant du matos. J'étais graphiste avant, je faisais de la PAO. Et il y a un mec qui faisait du Jazz dans la boite où je bossais.
Un jour il a décidé de s'acheter un synthé, j'étais avec lui et j'ai fait la connerie de prendre un sampler à crédit. Pendant deux ans, toute ma tune est partie là dedans, la tune de ma mère aussi. Et puis je sais pas, c'est parti comme ça. Non en fait, c'est pas vrai. L'histoire de Lunatic est vachement longue, vachement compliquée. Elle part dans tous les sens. A la base je faisais de la musique sur Amiga en 1989, à l'époque où j'allais dans les soirées H3O à la Locomotive, et je faisais des trucs Acids.
A cette époque en fait j'écoutais du punk, et la première soirée ma fait pêter les P. Après ça c'est tassé vu que l'acid house commencait a faire un peu comme maintenant (commercial) le genre de merde Confettis (qu'en fait tu ?)Bref je suis retourné a ma gratte et mes docs.
En fait je suis venus a la musique parce que j'etait un micro'taku, genre ados accro de la micro, j'ai vu toutes les générations de micro défiler devant mes yeux. Et l'amiga c'était le plus cool pour faire de la zique pour pas trop cher (4500 a l'époque quand même).
Bref, j'ai redécouvert ça avec les premières soirées Space du Rex (Usa Import) et là ben crack boom, c'était bon, trop bon, au début c'était cool et pis la défonce, les racailles (le speech classique).
A l'époque des Spaces, en fait les dernières de la saison Usa Import (l'année suivante c'était plus Usa Import), j'ai rencontré Olive et Luigi sur minitel. Je les ai fait monter à Paris, au Rex pour les soirées "Space" qu'organisait Usa Import.

C'était sur 3615 quoi ?

3614 Load (orthographe?). Un serveur dédié micro informatique, un vrai repaire de pirates, Olive était le leader d'un groupe de crack sur Amiga très connu et Pierre Louis était coder pour les intros.
Moi je faisais des mods à l'époque carrément trop gros pour être inclus dans les intros, là je m'écarte de sujet (c'est toi le journaleux, a toi de supprimer ce qui pourrait gaver le lecteur).

STOP LECTEUR SUPER ANECDOTE !!!!

Avec Olive et Luigi, enfin surtout eux, on a fait la 1ere rave a Marseilles, résultat 50 entrées (et encore) et on s'est fait foutre dehors de la salle à 4 heures du mat avec près de 14000 balles de boissons en tout genre, la sono etc, etc, pas de bagnoles, on n'est restés plantés dehors assis sur les enceintes, jusqu'au levé du jour, et tout ça à Marseilles je précise.
UndergrOOOUUnnndd.

C'est quoi un crack?

Un programme pirate.
J'ai jamais eu dans l'idée de faire de la techno, pour vivre. C'était un passe temps, ça l'est toujours mais sauf que maintenant si j'arrête je deviens SDF. J'étais surtout branché par l'image.

Tu as fait quelques Lives avant de sortir ton premier disque sur F communications.

Oui, quelques-uns

Tu t'étais connecté comment pour les faire ? Tu connaissais des gens ?

A Nîmes, l'organisateur était un pote à Olive et Luigi. Un mec qui faisait de la PAO, des flyers. Et qui a organisé cette fête en plein milieu de la garrigue. La teuf était sous la flotte, les baches craquaient, la flotte rentrait... Bref. Après, j'ai rencontré les Fantomes. Avec eux on avait des super relations, c'était devenu des potes, ils m'ont fait jouer à Morlaix (Bretagne), après à Nostromo (Paris). C'est les lives qui m'ont poussé à faire plus de trucs. Le fait d'avoir les gens directement en face, tu n'as pas l'intermédiaire du disque. Tu as une relation directe avec eux. Et puis les gens qui venaient nous voir : "Mais d'où vous sortez ? C'est cool ce que vous faites !"

T'as fini par sortir des disques. Ca s'est décanté comment ?

Au début j'ai rencontré Manu Casana sur Rave Age, et puis Manu étant ce qu'il est, ça a trainé pendant très longtemps. Après j'ai eu un contact avec John Aquaviva à qui j'avais envoyé une démo sur les conseils de Fred Giteau. Ca les avait plus ou moins interressé. Il m'avait renvoyé un fax en me disant qu'ils avaient bien aimer ma cassette. On s'est revu pour une soirée, qui a d'ailleurs mal fini, genre en boite. Et puis je leur ai fait écouter de nouveaux morceaux. Ils ont trouver ça trop Hard et m'ont branché sur Overdrive. Ca m'a dégouté et j'ai rappelé Morand à ce moment là, que j'avais vu quelques mois avant. Il y avait deux-trois morceaux à l'époque qui lui plaisaient mais pas de quoi faire un disque. Donc après l'échec Plus 8 et Rave-age je suis revenu (en rampant... non je déconne) avec carrément une cassette entière. Et là on a fait ce qu'on a fait.

Tu as eu un bon petit succès avec "The Meltdown". Combien tu en as vendu ?

Je crois qu'avec tous les remixes confondus, ça fait 30 000 exemplaires. On continue à en vendre aujourd'hui, mais pas des masses. Remarque, il y a des gens qui s'interessent encore à ce morceau, qui veulent en tirer quelque chose, je sais pas quoi.

Tu as regardé "Dune" avant de le faire ?

Non, j'ai pas regardé Dune, justement. Par contre, j'ai eu les boules parce qu'Eric (Morand, NDLR) m'a passé la cassette juste après. Il m'a dit "mais c'est Dune ça", et effectivement à part ce petit décalage dans la façon de jouer les notes, ça lui ressemble. Regarde, par exemple, la semaine dernière, j'ai fait un morceau et c'est la même musique qu'à la fin de "Full Metal Jacket". Sur l'étendue du clavier, quand tu sais pas jouer, tu essayes des notes, ça sonne bien mais il y a grandes chances pour que c'est déjà été fait.
En fait maintenant j'aime surtout les mélodies un peu stressantes, genre film d'horreur, les trucs glauques. De la cold wave techno 8-) Les trucs qui font flipper les ravers déchirés genre Kotzak 666. Pas les mélodies a 2 balles pour petit bouffons de 14 ans genre allemands à gants blancs. (j'utilise souvent le terme genre et ça me gène un peu... Genre.)

Tu es un gros fan de cinéma ? Dans ce genre là ?

Je suis un fan de films de science fiction en général, de "Star Wars" en particulier.

Le Sergent Kabukiman vient de "Star Wars" ?

Non, ça vient de "Troma Movies", les mecs qui font "Toxic Avenger", les trucs à petits budgets, films série Z. C'est un flic à New York qui un jour va à une représentation de théatre Kabuki (théatre populaire japonnais), un acteur est tué pendant la représentation et son âme se transporte à l'intérieur du corps du flic. Et dès lors quand il fait une intervention, il se transforme en acteur japonnais. C'est vrai je suis très influencé par les films, comme Alien...

(Apparté ! Discussion sur jeux de rôle et autres jeux videos. On vous en fait grâce).
Ouais merci je préfère.

Comment s'est passée la rencontre avec PCP ?

Ca a commencé avec le remix de "The Meltdown" qu'ils ont fait. J'ai été à Francfort avec Rubik et Jeff Hicter, le mec (Nom?) qui a fait Weapons, pour écouter le remix. Un peu plus tard, je suis retourné là bas avec des morceaux et j'ai fait écouter deux-trois trucs, dont un qui est sur le disque mantenant. Et là c'était la bagarre. Parce qu'à ce moment là, je pensais travailler avec Rubik, lui filer des morceaux. Et quand PCP ont écouté les morceaux, ils ont fait "ça c'est pour notre prochain label Euro-Rave" (Resté à l'état de projet, NDLR), "ça c'est cool", etc... Ca a trainé pendant vachement longtemps puisque ça date de deux ans maintenant (je suis pas très sur !!!).
Et puis quand on a décidé de travailler ensemble, il fallait vraiment sortir un truc bien, un truc phare pour effacer ce qu'il y avait eu avant.

Pourquoi l'avoir appeler "Digital Chaméléon" ? Le différencier de "Lunatic Asylum" ?

Non, c'est le titre du disque en fait. C'est un bon titre parce que les morceaux sont différents de ce que j'avais fais chez Fnac, et dans un sens cela faisait un peu chaméléon, celui qui s'adapte à son environnement et moi je m'adaptais à celui que j'avais chez PCP. Parce qu'avant j'étais fan de PCP, il a fallu que je me fasse longtemps avant à l'idée de travailler avec eux. Pour moi c'était mythique, la reconnaissance de gens pour qui j'avais le plus d'admiration. Pour eux il fallait absolument un tube sur le disque, matérialisé par "People want Paradise", pour le marché allemand. A la base, il faut que leurs disques marchent dans leur pays. Il fallait quelque chose qui fasse oublier "The Meltdown" et remonter le nom de Lunatic, parce que pendant pratiquement deux ans j'ai pas sorti de disques.

"Renegade Légion", c'est quand ? Pourquoi ce nom ?

Renegade Legion c'est en fait mon 3eme EP chez FNAC, c'était juste pour pas brouiller notre deal avec Sony et PCP pour leur remixes, histoires de pas avoir 2 Lunatic en même temps, c'était une idée d'Eric, je pense pas que Sony aurait fait la même chose s'ils avaient été à sa place.

DISCOGRAPHIE
The Complete Paranoid Section From 1993 To Now

Lunatic Asylum
Techno Sucks Vol. 1 (Fnac Janvier 93)
Techno Sucks Vol. 2 (Fnac Avril 93)
Fnac Music Dance Division - La Collection (Fnac ? 94)
Digital Chameleon - De 2039 (Dance Ecstasy 2001 Jan. 96)

Renegade Legion
Renegade Legion (Fnac Octobre 93)
Fnac Music Dance Division - La Collection (Fnac ? 94)
Renegade Legion - Dance Ecstasy 2001

Major Disaster
Major Disaster (Beast Records)

The Powdered Toastman
The Powdered Toastman (Mmr Juin 95)

French Connection
French Connection - France Sucks Vol. 1 Ss 18 (Juillet 95)
French Connection Ii - With Dj Radium & Dj Guiz-Ohm - Ss21

Remixes
Headshop - Universe Remixes - (Dance Ecstasy 2001)
Aurora Borealis - The Milky Way - (F Communications Sept. 94)

Collaborations
Ya Kiri - Georges Ortega + Jacky Chan (Dope On Plastic)
The Mover & Lunatic Asylum - Frequency Surfer (Dance Ecstasy 2001 Aout 95)
Manga Corps - (Ist - Manu + Sgt Kabukiman)

Remixes From Other
The Meltdown Mixes - The Mover - Dance Ecstasy - Sony Dance Pool
The Meltdown Remixed By Pascal F.E.O.S - Fnac 93 (Cool Limited Edition1000)
The Meltdown Remixed By Carl Cox & John Selway - Mmr 94

Tu t'es senti assez libre chez Fnac ?

Euh, assez libre? Non. Je ne me suis jamais senti vraiment libre, là bas.
Eric est vraiment cool avec ses artistes, c'est un peu comme le papa poule qui veille sur sa progéniture, à part le label en lui même (des putains d'escrocs) je garde un très bon souvenir de ma collaboration avec la division dance. Ce qui m'a toujours géné chez Fnac, c'est cette obsession de l'image, d'un truc parti de rien montrant à la face du monde que les français étaient capables de faire quelque chose aussi. Une image un peu trop propre Et, donc quand je ramenais des trucs durs comme j'avais l'habitude de faire pendant les lives, Morand n'aimait pas trop. On vient pas du même univers. Sa culture c'est plutôt la ou le disco, moi je viens du Punk. Donc, quand je voulais faire du Hardcore, ça le faisait rire mais pas question de sortir ça sur la division. D'où mon skeud sur MMR (Powdered toastman).

T'écoutais quoi ?

Exploited, Sex Pistols, pas mal de Hardcore Allemand dont les noms sont imprononçables, ou encore Chromosome 4, ... Du punk avec des grosses voix genre : "OuahrwouahwRouah...", des trucs débiles. J'avais la crète et tout ...

"Major Disaster" sur BEAST Records, label d'Olive ?

Olive m'a appelé pour me dire qu'il montait son label, et parce que c'est un vieux pote, je lui ai proposé des morceaux. Je lui ai envoyé une cassette sur laquelle j'en avais qui trainaient. Ca me fait vraiment chier de faire des morceaux qui ne sortent pas. Je trouve que c'est du gaspillage.
Je lui ai donc dit de prendre ce qu'il voulait.

"Toastman" sur MMR, label de Carl Cox ?

Ce disque là est sorti un an après avoir fait les tests. Parce que Carl Cox a chié dans la colle. Il avait un bon disque, à une bonne époque, Lenny Dee en était fou, tous les djs qui avaient reçu le test en étaient fou. Et il l'a sorti un an après, et un an après les morceaux collaient plus du tout avec l'époque. Entre temps, c'est le Major Disaster qui est sorti.

Tu as beaucoup tourné en Allemagne ? Pourquoi ? Ton lien avec PCP ?

Tous les lives que j'ai eu, c'est à cause de Meltdown. Parce que quand il est sorti, un des premiers à l'avoir joué, c'était Sven Väth à la Love Parade. Et au moins trois fois: c'était l'explosion. Garnier l'aimait pas, trop rapide, il jouait l'autre face. Et puis tout le monde s'est rendu compte qu'il y avait "The Meltdown" de l'autre côté. C'est parti comme ça, comme une trainée de poudre. En Allemagne, c'est devenu numéro 1 dans Groove Magazine, Frontpage, ... Dans le referendum Frontpage, c'est Lunatic Asylum qui a été élu meilleur Live 93, meilleur morceau, etc...
Avec le recul je trouve qu'en fait c'est pas une référence, plutôt au contraire j'en ai honte, si ça se trouve en fait Meltdown c'était la plus grosse merde de 93. 8-)

D'où Mayday, fin 93...

D'où Mayday et puis quand tu y joues, bah les gens te demandent. C'est un moteur. Après ça s'est enchainé, j'ai du en refuser quelques uns.
Tous ces Lives m'ont bouffé de la production. Entre la sortie de "The Meltdown" et le moment où le nombre de lives a commencé à descendre, il s'est passé quand même deux ans. J'ai tourné rien qu'avec l'aura de ce morceau.

T'en as un peu marre de ce morceau, non ?

Euh, ouais. J'en ai marre surtout parce qu'à cause de ce morceau je me suis tapé toutes les soirées trance allemandes casse couille alors que depuis le début je ne jure que par le Hardcore. A l'époque des 1ers lives on tournait a 155 BPM, En 91-92 la moyenne c'était plutot 135. Alors je crois qu'a ce moment je faisais du Hardcore.

Tu leur as joué systématiquement Meltdown ?

Non, j'ai arrété au bout d'un an pour jouer un peu de tout, comme ce que je faisais au début, un peu de trance, un peu de Hardcore, ... J'ai essayé de tout mélanger. Quand j'allais là bas, on me disait : "oauah, lunatic c'est cool,... ", les momes venaient me demander des autographes en me disant "ouais, t'es dieu...". T'as raison! Cassez-vous ! Ca me prend la tête, mais bon, les mecs adoraient et moi je comprenais pas. D'un seul coup, j'étais projeté. J'étais passé du stade de raver qui faisait de la musique, au stade où tout le monde venait me voir, parce que les plus grands djs jouaient ce morceau, de Jeff Mills à Sven Väth...

Tu recommences à jouer un peu en France...

Bah, en France c'est mitigé. Ca me fait un peu chier d'y jouer vu la qualité des soirées. T'arrives à la soirée, c'est tout pourri, le son est mauvais, ... Tu joues à la soirée Wesbam mes c... tu joues à Paris, tu vois la tronche des gens. D'un côté t'as les organisateurs qui font une soirée avec un flyer mortel et un son de m.... T'as les gens en face qui s'emmerdent parce que c'est nul... Après t'es classé, le live de Lunatic c'était nul, la soirée était pourrie. En France, c'est Underground, crade, pas professionnel... Crade, je l'ai fait quand j'étais raver, genre Invaders "la SAT" mais on était tous éclatés, c'était cool. Pour faire la teuf ça me gène pas, mais pas pour bosser, je respecte mon public.
Quand tu fais un bon live, c-à-d les gens qui sont en face gueulent, sautent partout, ça me stimule, faut comprendre que c'est un échange, si le public ne suit pas et fait la tronche, parceque les E sont dégueux ou que le son est pourri, les lights nases, etc ..., toi sur scène tu te sens mal, et là en général ça bloque, si tout se passe bien sur le coup c'est dément, et pis après tu finis la soirée cool, les gens viennent te voir, c'est super. Et pis quand c'est nase, je rentre chez moi avec le cafard et je me dit que ça fait chier, ces soirées pourries a 10 balles, et que je ferais mieux de trouver un boulot...

Qu'est ce que tu aimerais que les organisateurs organisent comme fêtes ?

Dj Boudou : Des toilettes décentes...
L.A. : Je pense que c'est un problème de moyens. Les allemands, parexemple, ont du blé ...
Dj B. : Je pense que c'est un problème de mentalité française surtout, que les organisateurs...
L.A. : Attends, c'est mon interview là...

(Fin de bande. Interview Take 2 via e-mail)

Qu'est ce que tu attends de soirées comme celle qui a eu lieu au Printemps de Bourges ? (Deadline oblige)

Bourges c'est assez spécial, en fait il y a un côté promo qui me parait essentiel, et pis j'ai bien envie d'en foutre plein la tronche aux rockers pouilleux bourrés à la bière.
(rire)
Bon a la base, je pense que l'underground nuit a l'expension de la techno. Si tu ne prends pas l'initiative de montrer aux gens ce qu'est la techno, tu laisses des merdes comme Scooter envahir ton jardin. Et après quand tu dis que tu fais de la techno tout le monde se fout de ta gueule.

Depuis combien de temps tu traines sur Internet ?

Un mois environ.

Tu as une Home Page sur Internet. Comment tu t'y es pris ? Qu'est ce que tu en espères ?

Ben j'ai lu des revues, et pis surtout les fichier Help sur HotDog (soft que j'utilise pour ecrire le code HTML). C'est surtout pour flatter mon ego... Rires hahaha 8-) Non en fait c'est un moyen de se faire connaitre, dans le monde entier, il y a trop de gens qui pensent que je n'ai fait que "Melcroute", j'aime bien le fait de pouvoir jouer deux bouts de morceau via le net. Quand je vais en teuf, ya des morceaux qui me font kiffer mais je ne sais jamais ce que c'est. Là le mec ou la nana se dit "tiens ben merde je connais ce truc", "putain ce gros truc pourri c'est Lunatic, ça m'étonne pas !!"

Rires et j'en mouille mon caleçon.

Tu as des relations avec d'autres artistes grâce à Internet ?

J'ai Sven de 3 Phase qui m'a écrit un jour, en fait c'est cool ça casse l'image de la petite star miteuse, et de ses moutons qui lui lêchent les pieds, avec internet, j'ai des contacts avec des tas de mecs, qui sont comme moi il y a quelques années, j'aime bien leur donner des conseils, on apprend toujours quelque chose, on s'échange des sons, des infos sur le matos. Non vraiment internet c'est vraiment cool.

Tu as mis des boucles de certains de tes morceaux sur ta page, tu espères que des gens vont te remixer ou s'inspirer de ton travail ?

Ben oui, et pis pleins de plagiats comme celui de Cappela, ils ont repompé la basse de MeltProut, et la mélodie moins une note, dans un remix techno de "Don't be prout". Un gros fils de pute ce Borto j'sais plus quoi.

Comment s'est passée la collaboration avec Manu sur le Manga Corps ?

Très cool, il est venu chez moi à Paris, ça a été un peu dur, en fait les collaborations sont en général un peu délicates. Au début Manu connaissait pas franchement le matos, alors on a fait une synthèse de ce qu'il avait plus ou moins dans la tête avec ma façon de travailler et mes sons. Maintenant qu'il a son studio, j'espère faire l'inverse. C'était pareil avec Radium. C'est un peu dur, le mec débarque dans un studio qu'il ne connait pas, y a toujours des trucs similaires, mais ils faut vraiment assurer pour aller directement à quelque chose de concret.
Avec Marc (The Mover) c'était différent, j'ai squatté chez lui pendant 15 jours, alors que mon combi était en rade, et bon lui, c'est un accro du studio. Je restais assis a côté de lui pendant qu'il finissait un morceau, et pis après un nombre incalculable de pétards, il a tout remis a zero et il a dit "bon on le fait ce morceau". Après je me rappelle qu'on étaient vraiment raides, que j'ai bien tripé sur l'Xpander, et puis plus rien.

Lunatic Asylum, à la différence de Renegade, Major Disaster ou encore Sgt Kabukiman, est un artiste exclusif de PCP. Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

En fait j'ai un contrat exclusif sous Lunatic, et un contrat moral. Tout ce que je fais je leur passe d'abord, s'ils n'en veulent pas, après j'en fais ce que je veux.

Quelles sont tes prochaines sorties de disques?

En ce moment on grave le Renegade Legion (rien a voir avec le style de Fnac), le SS21 avec Radium et Guiz-Ohm, un Power plant, et puis dans un mois on sort, un autre Power plant, un Test (nouveau label) et d'autres trucs.
Comme je fais aussi les illustrations sur certains disques (Weapons - SS18 - SS21- Renegade Legion), il me faut un peu de temps, je suis un gros feignant !!!

Le French Connection Remixes, c'est quoi ?

C'est le SS18 remixé par Stickhead, FFM Shadow Orchestra, et Neutronics de Manga records à Munich.

Tu préfères bosser seul ? Pourquoi ?

En fait oui et non. La production en techno ça a un côté un peu aléatoire, vu que la plupart des mecs ont le matos a dispo 24h/24, y a des moment ou tu restes là a rien foutre, tu cherches des sons etc, etc, alors que quand un mec vient pour bosser chez toi, on est généralement limité en temps.
Et ça se commande pas, tu peux passer la journée a tripoter les bécannes sans rien sortir d'intéressant, et moi je suis pas du genre facile, j'ai en quelque sorte mes petites oeilleires, des fois ça bloque un peu, comme avec les crashes de 909 avec Radium (Rires) (les rires ça le fait bien on dirait du direct.)
Bon en gros maintenant j'amerais bien qu'on me lache avec Meltbouze, que les gens réalisent que PCP c'est pas forcément du Hardcore a 250 BPM, bien au contraire, que la principale motivation, des ravers soit la musique et pas la défonce, que la Goa retourne a Goa, que tous les parasites du style Scooter, Dunes, Mark Hô et compagnie se scratchent sur l'autoroute (rires sarcastiques), qu' Ophélie Winter se fasse enc... par un grosse bande de racailles, que Bercy soit détruit par un incendie pendant Dance machine, que l'on se bouge le cul pour montrer au gouvernement qu'il nous les casse grave, que mes chats arrêtent de piquer des trucs dans les assiettes quand on répond au téléphone, que j'ai une voiture qui tombe en panne seulement 1 fois tous les 6 mois au lieu de 6 fois tout les mois, qu'Alex arrive a sortir quelque chose de cohérent de tout ce bordel.

Supplément Interview :

Décris ta musique (dessine moi un mouton) :

En fait je divise ma "carrière" en plusieurs phases. La première c'est la phase Raver qui g... et qui fait des trucs tous pourris, sur du matos tout pourri. Ensuite c'est la phase, "ça vient là, petit à petit l'oiseau fait son nid"; l'adolescence, avec "Meltdown", le passage à l'âge adulte s'est fait sentir, le succés c'est très positif par moments, mais ça pollue un peu l'esprit par moments. Maintenant je pense avoir de bonnes bases pour entrer dans la vie active, je connais bien mes machines, je sais ce qui me plait et vis et versa, je pense que mon son s'affine vers quelque chose de plus perso, même si on m'a une fois reproché de faire du sous PCP. Le gros avantage de PCP par rapport à Fnac, c'est qu'on est sur la même longueur d'onde, on aime les mêmes trucs, les mêmes sons comme celui d'Anasthasia par ex.
On fait un peu de la résistance face aux gros profiteurs. Le côté obscure de la force, c'est le plus facile, c'est plus facile de faire du fric avec de la merde, (voir Spoon, Charly No Noise, Emmental Zero, même des mythes comme Paul Elztak, c'est lamentable).

Bon en fait j'ai des tas de trucs a dire, mais forcement je vais me faire des ennemis, et moi c'est pas mon but.