Interview : Richie Hawtin

MAI 98
Le Saint Graal électronique d'un explorateur dont le dernier album est le premier chef d'oeuvre techno de l'année

Basé à Windsor, banlieue canadienne située à quelques kilomètres de la Motor-City, Richie Hawtin, alias Plastikman, incarne la techno de Detroit. Car sans ce petit blanc-bec, cet art électronique serait peut- être resté une musique pour happy few. C'est en effet grâce aux premiers maxis dévastateurs de Richie Hawtin, sous le nom de F.U.S.E., que la production nord-américaine s'est imposée sur la scène des raves européennes du début des années 90. Des maxis époustouflants, édités sur son propre label Plus 8, au son tournoyant et révolutionnaire qui vont faire connaître aux ravers les joies du groove massif et industriel. Dans la foulée, le label américano-canadien révèlera des personnalités telles que Dan Bell, Kenny Larkin, Speedy J ou le partenaire de toujours de Richie Hawtin, John Acquaviva. C'est aussi grâce à ses albums qu'il va s'imposer, au-delà des dancefloors où il est l'égal d'un Jeff Mills ou d'un Laurent Garnier.
Notamment avec ses collaborations ambient aux côtés de l'allemand Pete Namlook (sur Fax) et surtout ses trois albums, sobres, minimalistes et audacieux, édités chez NovaMute, "Sheet One", "Musik" et le tout récent "Consumed", CD d'anthologie d'une limpidité fabuleuse. Entretien technophilosophique avec ce musicien de 28 ans à la maturité impressionnante.





Richie, on n'a pas vraiment l'habitude de te rencontrer dans un contexte de "promo". C'est même sûrement la première fois que ça t'arrive.
Oui, et c'est sûrement la dernière (rires). Mais tu as de la chance, c'est le premier jour et je suis très content de rencontrer des journalistes. Dans huit jours, je crois que je serai moins cool.

Bon, ça tombe bien, parce que je croyais que tu serais d'une humeur aussi sombre que ton nouvel album...
Au contraire, je me sens soulagé aujourd'hui. Mais tu trouves vraiment que mon dernier album est sombre ?

Oui...
C'est vrai qu'il est plus sombre que le précédent et c'est certainement le plus sombre que j'aie jamais fait. Il a une atmosphère étrange qu'on peut dire froide. Il a été conçu dans mon studio à Windsor (à 10 minutes de Detroit) et il reflète mon humeur et mon état d'esprit à ce moment là. C'était en hiver où tout est noir, il fait très froid et il fait nuit très tôt. Cet album prenait de plus en plus de sens quand j'en écoutais les bandes dans ma voiture, sur l'autoroute entre le centre de Detroit et Windsor. Il commence dans la froideur de Downtown et il s'élève peu à peu en chemin.

Il y a la frontière Canada/USA entre Windsor et Detroit. Mais y a-t-il une barrière plus symbolique, sociale, entre les deux ?
Oui, c'est un peu comme à Londres, il y une différence entre le nord et le sud. Le nord de Londres c'est Detroit et le sud c'est Windsor, il y a juste une rivière qui les sépare. On doit montrer son passeport pour aller d'un endroit à l'autre, mais en fait c'est facile de passer la frontière.

L'atmosphère est différente, la population aussi...
Oui, c'est évident. A Windsor, on trouve une population très diversifiée, il y a beaucoup plus de Blancs qu'au centre de Detroit. D'ailleurs, plus tu t'éloignes dans les banlieues de Detroit, plus tu verras de Blancs. Le centre même de Detroit se ghettoïse. Les gens ont l'impression de ne pas être en sécurité, alors qu'au centre de Windsor c'est un peu plus européen, il y a beaucoup plus de choses qui se passent dans les rues : il y a plus de magasins, plus de bars, c'est plus vivant en fait.

Quels sont tes rapports avec la communauté techno de Detroit ?
Depuis ces dernières années, nos rapports sont basés sur le respect et on est en contact permanent les uns avec les autres. On dîne souvent ensemble par exemple. Avec Mad Mike on se voit beaucoup, on se tient au courant de ce que fait l'autre. Je rencontre aussi Carl Craig et sa femme de temps en temps. J'essaye de voir Dan Bell régulièrement, Stacey Pullen et Kenny Larkin également. On est tous très occupés et ce n'est pas toujours évident de garder des relations suivies. Il n'y a pas comme à New York ou Chicago de clubs majeurs où toute la scène se retrouve. Ici tout est éparpillé. Mais on fait ce qu'on peut pour se voir. Par exemple, je vois Jeff (Mills, ndr) assez souvent car on joue ensemble et je m'entends bien avec lui. Mais c'est souvent à l'extérieur de Detroit, ou même carrément en Europe, car lui et moi tournons beaucoup.

En Europe on à une image très forte de Detroit, celle d'une grande communauté techno. Or la réalité est tout autre : sur place, on ne voit pas d'unité, mais plutôt plusieurs communautés qui vivent chacune de leur côté. Ce qui n'est pas le cas d'autres scènes qui, elles, paraissent plus soudées. Où te situes-tu dans ce contexte ?
C'est vrai, ce n'est pas une vraie communauté. Detroit n'a jamais été une ville où les gens se retrouvent dans la rue, se tapent dans la main et se disent "Hey guy, what's going on". Detroit est bâtie sur l'isolement. Detroit est comme ça ! C'est déjà un miracle que les différentes communautés techno puissent entretenir des rapports. Crois-moi, ils sont moins évidents qu'ailleurs. Pour les gens ordinaires, la communication à Detroit est encore plus difficile. C'est le chacun pour soi. Il y a le clan Submerge, le clan Planet E de Carl Craig, celui de mon label Plus 8, et les autres. Je ne pense pas qu'un jour nous puissions vivre en harmonie et être tous réunis dans un grand tipi ! (rires) On devrait certainement faire plus d'efforts pour mieux s'entendre, mais Detroit reste une place très forte sans que tout le monde soit ensemble. C'est aussi cela qui donne de la force à l'histoire... Une bonne chose en fait, puisque personne ne marche sur les plates-bandes de l'autre. La communication est difficile, mais nos relations sont toujours fondées sur le respect. C'est drôle, car nous sommes tous différents, mais nos musiques sont inspirées par le même environement. Si Detroit n'était pas comme ça, la techno ne serait pas ce qu'elle est.

Tu fus parmis les premiers ambassadeurs de Detroit en Europe. Je pense à F.U.S.E. par exemple, avec lequel tu as importé le son de Detroit dans les raves européennes et donné aux gens ce qu'ils attendaient : un son dur, une rythmique plus lourde que le reste des productions de Detroit. Tu savais que cela ferait trembler toute la planète ?
C'est arrivé comme ça, au tout début de 1990. A ce moment, le son général de Detroit s'est considérablement durci. Il y avait alors une réelle compétition entre nous et Underground Resistance. Mad Mike sortait "Sonic Warfare", je sortais F.U.S.E. Mike et Jeff sortaient un truc, il m'envoyaient les tests pressing et me disaient : "Watch This"_ Je leur répondais aussitôt avec une démo de Plus 8 : "Check This Out". Pendant plus d'un an, nous avons joué cette espèce de bras de fer. Maintenant c'est un sujet de plaisanterie entre Mike et moi. A cette époque, tout allait très vite. On envoyait nos morceaux partout en essayant de le faire avant l'autre. Sans que l'on s'en rende vraiment compte, ça a décolé partout. C'était génial. F.U.S.E. a vraiment pris les gens à vif, en même temps que le "Elimination EP" et le "Punisher" d'Underground Resistance. Leurs disques et les nôtres sont sortis au même moment, on était sur la scène en même temps, sans travailler ensemble ! Et c'est cela qui a fait connaître le son de Detroit. Avant cela, il y avait bien Derrick (nda : May), Kevin (nda :Saunderson) et tout ceux que tu connais, mais Detroit n'avait jamais réuni autant d'énergie qu'à ce moment là, et ne l'a pas réuni ensuite. Après cette tempête, Detroit est redevenu plus ou moins calme, mais entre temps plein de labels étaient nés. Nous avons vraiment donné à la dance électronique le coup de pied au cul dont elle avait besoin à ce moment là.

Après cette tempête, Plus 8 a donné naissance à Definitive, puis toi et John Acquaviva avez diversifié vos activités...
Definitive est plus le label de John. Quand nous avons commencé, on avait les mêmes idées. A cette époque, la house et la techno étaient similaires. Elles était deux "vibes" différentes au service du même groove électronique. Plus 8 s'est développé et s'est orienté vers une musique plus dure. John a commencé à s'intéresser plus à la house car il a un background disco et c'est pour cette raison que l'on a créé Definitive.

Tu travailles toujours avec John ?
Oui, bien sûr. Cela fait environ neuf ans que l'on se connaît et on travaille toujours ensemble. On a seulement décidé de faire une pause avec Plus 8. En ce moment on travaille sur de nouveaux trucs, mais je n'en dirai pas plus.

Ta facette Plastikman apparaît plus conceptuelle, plus éloignée du dancefloor. Et quand "Musik" est sorti on a eu l'impression d'avoir affaire à un schizophrène.
(Rires) Je ne suis pas schizophrène, enfin je ne crois pas. Je fais seulement de la musique électronique, c'est aussi une façon de montrer ses différentes facettes aux gens. Si tu apprécies vraiment la musique, tu dois être capable de t'en imprégner. La musique développe et montre qui est réellement la personne qui la compose : son état d'esprit, sa personnalité, ses sentiments. Personne n'est jamais tout le temps triste ou heureux, et moi je ne fais pas toujours du dancefloor ou de l'ambient.

La serie "Concept" était encore plus conceptuelle. Elle a provoqué beaucoup de réactions, autant positives que négatives. Qu'as-tu voulu démontrer ?
Elle a été créé pour mieux explorer la techno. Généralement, les albums techno ne sont pas tellement originaux et je trouvais cela ennuyeux. Le but était de faire quelque chose de plus audacieux, pas seulement au niveau musical, mais sur l'ensemble : le logo, le packaging, et le temps, puisqu'il y avait un maxi qui paraissait chaque mois et que le concept s'étalait sur une année entière...

C'est donc une sorte de journal ?
Exactement. C'est un agenda musical, avec mes idées du mois de janvier et ses évolutions au cours de l'année. Et puis comme souvent, dans un journal intime, il y a des choses que l'on ne souhaite pas que les gens lisent. Dans la "Concept Serie" il y a deux ou trois morceaux qui ne me plaisent plus autant et je regrette un peu qu'ils soient sortis. Mais c'est intéressant, car c'est la nature même d'une série. C'est le truc le plus libre que j'aie jamais fait. Ca n'est ni du Plastikman ni du Plus 8, ni même du Richie Hawtin. L'idée même de la série est devenu plus importante que son créateur. Au fur et à mesure je me suis complètement effacé derrière elle.

C'était aussi une opération de marketing ?
Oui, absolument. Le truc ne prenait son vrai sens qu'à la fin de l'année. Il fallait réunir les douze disques pour retrouver le logo. On peut trouver que les morceaux ne sont pas de qualité égale, mais je crois qu'en 1996 c'était beaucoup plus intéressant de pénétrer la "Concept Serie" que d'acheter trois autres disques de Richie Hawtin ou de Plus 8.

Quant à l'aproche du nouvel Album, "Consumed", elle est différente. C'est encore un nouveau concept ?
"Consumed" est en fait un retour en arrière. C'est la continuation d'un thème que j'avais imaginé au moment de "Muzik", sous l'identité Plastikman. Pour cela, j'ai utilisé les mêmes machines qu'à l'époque et j'ai essayé de construire un nouveau son, une nouvelle destination. C'est une suite à Plastikman, une suite élaguée, presque nue. Le son y est plus basique, plus fondamental, et les silences eux-mêmes sont très importants.

Ce n'est plus seulement une question de sons mais aussi plus de textures...
Oui. C'est un travail inverse à ce que j'ai fait pour mes deux premiers albums. Quand tu commences à travailler sur des machines électroniques, tu veux exploiter le plus de sons possibles. Tu a une idée, et tu construis autour, donc tu as tendance à en rajouter. Tous les musiciens électroniques ont connu ce défaut-là. Avec "Consumed", j'avais commencé de la même manière jusqu'à ce que je me débarrasse de tout le superflu. Cet album n'est pas minimal au sens strict du terme, mais il est travaillé comme une sculpture. Chaque son prend une forme, une couleur. Il est en quelque sorte lavé, puis il devient plus transparent, plus vivant.

Est-ce que cela veut dire que ta relation avec les machines a changé ?
Oui, parce que les machines me ressemblent de plus en plus. J'y mets plus de moi-même, de ma vraie personnalité. Du coup, cet album est davantage représentatif de ma véritable nature que les précédents. Il trahit mes idées, ma conception de la vie en général. Il ne ment pas, il représente ce que je ressens en ce moment.

Qu'est-ce que les machines t'ont appris ? Ou, inversement qu'as-tu appris aux machines ?
Je ne sais pas. Je connais bien les machines maintenant. Demande leur ! (rires). Je suis arrivé à un stade où les machines deviennent transparentes. C'est une relation naturelle entre elles et moi. Tu apprends à t'en servir sans même t'en apercevoir, graduellement. Cela se ressent au fil des albums. Ils sont conçus avec plus de facilité. Ils sont plus fluides, même si mes morceaux n'ont jamais été très structurés. C'est aussi une question de mouvements entres les titres. Il y a, d'un morceau à l'autre, des sons qui se répondent, ils racontent une histoire. C'est comme un livre. Ca sort d'autant plus facilement que j'ai, moi-même, été au coeur des machines. Pour rendre la musique électronique limpide, il faut soi-même se laver de la machine. En la connaissant bien, on peut l'oublier.

C'est une approche différente du DJing. Quand tu mixes, comment fais-tu pour raconter une histoire ?
En France, je n'ai jamais mixé très longtemps. Juste des sets de deux heures, pas plus. Mais quand je joue plus longtemps, ça devient bien plus que du mix pour moi. C'est plus créatif, très artistique. Tu mélanges plein de choses, tu crées de nouveaux rythmes_ Quand je le peux, j'utilise beaucoup les effets. J'aime changer les sons, surtout sur un morceau connu. Il en sort à chaque fois quelque chose de différent ; les gens dansent et se demandent ce qu'il se passe. Ils oublient qui ils sont, tant ils sont possédés par la musique. Il y a une totale synchronisation entre la musique et le corps. Les sensations que j'exprime dans mes disques sont les sensations que j'éprouve sur le dancefoor. Il y a une corrélation très naturelle entre la façon dont je mixe et mon travail de producteur.

Pourtant "Consumed" n'est pas très dansant...
Parce qu'il est très dépouillé, il n'a pas l'air destiné aux dancefloor. Mais le beat n'est pas la danse. Certes, je concois que dans une rave ou un club, il faille un kick (nda : le pied). Mais l'absence de beat n'empêche pas le groove. Le rythme n'a pas toujours besoin d'un kick. Il peut très bien être une tonalité, un flux. Ca reste de la danse, même si c'est de manière étrange ou mentale. Sur cette albun, il y a un titre qui s'appelle "Freedom Of Movement" : ça ve dire que la musique bouge librement, pour elle-même. Il ne faut plus que la techno ne se concentre que sur le kick. C'est une forme d'emprisonement ! Si le rythme peut s'échapper du beat, il devient organique, sanguin. Il t'amène beaucoup plus loin.

A ton avis, c'est de cette façon que la scène techno survivra ?
Jeff (nda : Mills) et moi avons beaucoup discuté de cela... Comment créer de la dance music sans le kick ? Comment inventer des lignes de basses, des vibrations qui fassent bouger les gens autant qu'elles le feraient avec ce putain de kick. Jeff y travaille beaucoup en ce moment. Underground Resistance aussi dans ses récentes productions electro-funk. je ne sais pas ou cela va nous mener, mais on va quelque part. Sans quoi, c'est l'impasse !

Les choses ont changé en matière de techno, l'innocence est révolue et cette maturité acquise fait part d'une volonté de changement, parfois d'inquiétude...
Oui, et c'est le moment de changer les choses. Lorsque j'ai commencé, les gens aimaient ce que je faisais, même si ça leur a pris du temps, parce que ma musique était différente. Il est temps que l'on fasse découvrir autre chose au public. Si on n'évolue pas et que l'on ne crée rien d'autre, cette musique disparaîtra et le public s'en lassera. C'est donc aux jeunes producteurs d'apporter des sons nouveaux, et c'est tout aussi nécessaire pour ceux qui sont déjà bien installés, ceux qui sont populaires et influents. Au départ, on développait la musique et on cherchait à innover, trouver des idées nouvelles... et c'est ce qu'on devrait tous continuer à faire. On n'est pas là aujourd'hui parce qu'on à répété la même "merde". On doit faire avancer le truc, même si ce que l'on fera ne correspond pas aux attentes du public. Il ne nous attendait pas non plus en 1990, et aujourd'hui nous sommes encore là. Il nous faut encore franchir un pas si l'on veut rester.

On constate ces mêmes interrogations chez les meilleurs musiciens électroniques. D'un autre coté, on a l'impression que l'histoire se répète : la techno retourne vers l'electro et le hip hop redécouvre le scratch... Alors que reste-t-il à faire ?
(silence)... C'est difficile de répondre à cela. Je ne sais pas s'il y a une réponse. Ce que je sais, c'est qu'on parle d'une musique basée sur la technologie. Depuis environ dix ans, on travaille sur le développement de cette technologie parce que création et technologie sont intimement liées. Tout ce qui constitue l'essence propre de cette musique est liée à la technologie : pas seulement les synthés et les boîtes à rythmes, mais aussi les CDs, les vinyles, les DATs. On avance toujours avec elle. Quand on pense que l'on est au bout d'un processus créatif, la technologie avance et donne la pêche. Au contraire quand la technologie est lente, on la chamboule complètement. C'est une sorte de course entre deux amies qui auraient les jambes attachées ensemble : la technologie et la musique électronique. Elles seront toujours liées. Par exemple, quand quelqu'un aura l'idée d'un nouveau son électronique, il n'aboutira peut-être pas tout de suite à son idée... Puis il rencontrera un technicien qui lui présentera une nouvelle machine ou une nouvelle méthode de mixage qui lui permettra de réaliser ce qu'il avait en tête. Et à nouveau, on progressera. Tout le futur n'est qu'une progression. C'est pour dans quinze jours, deux mois, ou deux ans.

La musique électronique semble quitter le dancefloor maintenant, est-ce définitif ?
Ce n'est surement pas définitif, mais c'est une bonne chose pour son développement. Elle devient autonome, elle n'est plus esclave du dancefloor. Alors elle explore d'autres terrains pour mieux se réinventer. Penser une dance music sans kick drums est une voie possible... Il y en a surement d'autres.

C'est une quète ?
Oui c'est une véritable quête du Graal. Ca ne finira jamais. A chaque fois que quelqu'un pensera avoir trouver le Saint Graal technologique, quelqu'un d'autre réinventera le Saint Graal. C'est ça qui est excitant.

L'Homme a exploré tous les endroits possible de la planète et même la Lune. Le seul endroit qu'il nous reste à explorer, c'est celui-là, c'est la technologie...
C'est évident. On est au début de la compréhension du temps et l'on commence seulement à saisir ce qui est fondamental pour vivre. Et encore, personne ne comprend vraiment ce qu'il se passe. Regarde : pendant des années on a cru que la Terre était plate et puis quelqu'un s'est aperçu qu'elle était ronde... on a même brûlé cette personne pour ça. Tu te rends compte, pendant des milliers d'années, l'humanité entière à cru que la terre était plate, et tout d'un coup, il a fallu qu'elle remette en cause tout ce qu'elle croyait vrai. Aujourd'hui, c'est pareil. On ne sait pas ce qu'il va se passer demain, rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais sûr. On a tous tellement à apprendre et à découvrir. C'est exactement la même chose pour la techno, on croit la comprendre et la connaître, et en fait, on se trompe.

Et la musique électronique, elle est plate ou ronde ?
(rires)... Je n'en sais rien, d'ailleurs personne ne le sait !

Entretien technolosophique : Jean-Philippe Renoult Coda Magazine
Photo : Frédéric Albert