Laurent Garnier

AVRIL 97
Tranches de vie du plus célèbre des DJs français de techno-house

Inutile de présenter Laurent Garnier. DJ français le plus respecté dans la communauté techno internationale, il est par ailleurs l'auteur de deux albums et d'une dizaine de maxis sur son propre label indépendant F Communications. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la sortie de son second album, "30", dans son petit pavillon de Malakoff. Là, il nous parle de son apprentissage de la musique, de ses aspirations de DJ, de sa fierté de la nouvelle scène électronique française et décortique pour nous son album et ses mixes. Tout cela avec un franc-parler certain, des mots simples et volontiers candides. Du brut de décoffrage.




La première chose qui marque lorsque l'on écoute à la fois ton album et tes récents maxis, c'est la sobriété de tes compositions. Cela fonctionne à l'aide de très peu d'éléments. Et à l'encontre de nombreux artistes techno, tu utilises peu les effets...
C'est vrai que j'essaye de rester simple. Il y a des gens qui bossent sur les effets et les autres qui les évitent. Quand parfois tu fais compliqué, tu arrives à une sorte de confusion et les choses finissent par se perdre. Mais ça dépend de quel morceau tu parles. C'est vrai que "Crispy Bacon" est extrêmement simple, il n'y a vraiment pas grand chose dedans, c'est vrai aussi pour les premiers morceaux ambient qui ouvrent l'album. N'est-ce pas la meilleure façon d'aller à l'essentiel ? Mais ce n'est pas une règle que je me suis fixé. Quand je compose, je travaille à l'aide d'énormément d'éléments, puis j'élague lors de la phase d'élaboration du mix. C'est en restant simple que tu vas droit au but et que tu touches beaucoup plus les gens. Je crois que c'est là une des clés de la musique électronique.

C'est de cette manière que l'on peut le mieux parvenir à l'essentiel. Est-ce que tu essayes justement de composer des morceaux intemporels ?
Non, j'essaye juste de me faire plaisir (rires). Non, je ne me dis pas "tiens je vais essayer d'inventer quelque chose de nouveau, je vais essayer de faire un truc qui va toujours exister dans dix ans". J'essaye simplement de faire la musique qui me plaît_ De la belle musique, tout simplement.

Cette sobriété est aussi présente sur ton double CD mixé "Laboratoire Mix", sorti il y a quelques mois.
Oui, j'apprécie encore beaucoup les morceaux qui sont dedans mais si je devais le faire à nouveau, peut-être que je mixerais les morceaux différemment. C'est vrai qu'il y a beaucoup de trucs minimaux et très simples mais il y a aussi des morceaux comme ceux de Choice, Derrick May, World To World (Underground Resistance, NDR) qui sont un petit peu plus travaillés tout de même ! Quoique Derrick May, c'était tout de même très simple : deux violons, des percussions, une basse et c'est tout.
Je voulais que ce "Laboratoire Mix" soit à la fois écoutable dans une voiture, chez soi et dans un club. Je pense que dans un club tu vas d'abord écouter le premier CD puis le second parce que le premier est très long à décoller. J'ai débuté avec des trucs très deep-house genre Blaze ou Marshall Jefferson, je suis monté un peu rapidement mais je suis resté assez minimal et simple et puis après, à partir du moment où tu arrives sur Deon, sur les maxis de Peacefrog, sur "You Got To Believe", là ça monte vraiment. Disons que ça correspond un peu à la tranche minuit (ouverture du club) jusqu'à deux heures du matin. Par la suite, on termine sur le fameux World to World, c'est le chaos total puis l'on redescend sur le deuxième CD avec mon morceau "The Force" . Là tu as trois ou quatre morceaux de house, ça devient à nouveau par la suite beaucoup plus dur et puis tu finis avec des choses plus mélodiques avec justement Choice ou Derrick May et tu conclue naturellement avec un morceau ambient. Disons qu'en deux heures vingt, j'ai essayé de faire un mix cohérent qui puissent correspondre à un mix de six à sept heures en club.

Dorénavant, c'est ainsi que tu désires mixer : proposer à l'auditeur un vrai voyage sonore de plusieurs heures.
Je me suis toujours battu pour ne pas jouer une heure ou deux. C'est vrai que je fais le Rex parce que j'ai six ou sept heures d'affilée. Quand je suis au Queen une seule fois par mois, c'est pareil. Je refuse de faire deux heures, ça me fait chier, venir avec quinze disques et faire deux heures ça n'est pas très intéressant, t'arrives pas à créer l'ambiance que tu recherches. Quand je mixe, j'essaye de parvenir à un moment où l'ambiance va devenir très sexe, très sensuelle et où je vais arriver à avoir les gens dans mes mains. Il y a des morceaux-clés à passer pour ce genre d'ambiance. Maintenant tu peux pas arriver à une heure du matin et commencer avec ce genre de choses-là. Tu as vraiment un build-up à faire et une histoire à raconter, avant justement d'arriver à ce passage qui va être culminant pour toi. Donc, c'est vrai que tu prends du temps avant d'arriver à ce passage important. Je me suis battu pour faire des sets minimum de trois à quatre heures et maintenant en Angleterre je joue jamais moins de trois heures. C'est facile de faire éclater une piste de danse, tu emmènes cinq tubes avec des roulements de caisse claire et youp-la-boum. C'est facile de faire hurler les gens. Mais arriver à les emmener dans une ambiance un peu mystérieuse, bizarre, et arriver à placer des trucs difficiles, c'est ça qui est important et excitant en tant que Disc-Jockey. Et ça tu peux pas le faire en une demi-heure.

Avec le single "Crispy Bacon", qui a remporté un large succès, est-ce que tu as l'impression d'être parvenu à enfin réaliser le parfait morceau techno. Ce que tu cherchais à faire depuis de longues années.
(rires) Franchement pas. Ca me fait extrêmement rire la hype qu'il y a autour de "Crispy Bacon". J'adore le morceau mais je trouve pas que c'est le meilleur morceau que j'ai fait. Pourtant, il y a énormément de gens qui me font "putain, c'est la révélation, c'est mortel, ça tue". Le morceau me plaît, c'est vraiment dancefloor mais je trouve pas que c'est le morceau le plus excitant de l'album, loin de là. C'est tellement simple "Crispy Bacon" ! Il n'y a rien dedans : quatre percussions et une basse, c'est tout. Mais c'est vrai que je me suis pris le chou, je me suis pris la tête et je dois dire que c'est le seul morceau que j'ai fait après avoir écouté le disque de quelqu'un d'autre. Tu vois quand j'ai fait "Shot In The Dark", mon premier album, j'écoutais des morceaux, je m'inspirais de ces morceaux-là et je passais à la composition. Quand j'ai travaillé sur l'album "30", j'ai changé de tactique. Je commençais seul, et si à un passage je me sentais un peu perdu, j'écoutais trois ou quatre trucs pour m'orienter, c'est tout. J'ai donc écouté pas mal de choses avant de faire "Crispy Bacon", et particulièrement l'Axis 14 et 15 de Jeff Mills. Là je me suis dit "c'est quand même mortel ce qu'il fait" et j'ai essayé d'analyser pour la première fois ce que faisait Jeff. J'analyse d'habitude très peu la musique des autres. Je préfère ne pas analyser, et recevoir des émotions, point à la ligne. Je cherche pas à savoir comment il a fait tel break ou tel truc, ou ça me parle ou ça me parle pas. Quelques jours avant de commencer "Crispy Bacon", Stéphane de Scan X est venu à la maison et j'ai fait une semaine de cours intensifs avec lui. Il m'a appris l'ingeniering de ma table de mixage, à bien me servir de mes effets, car c'était là mon point faible. Il est venu et on a joué avec les effets, j'ai sauvegardé un ou deux éléments qui me plaisaient et le soir j'ai commencé à bosser sur "Crispy Bacon". J'ai fait un pied, j'ai mis une heure à l'équaliser, à trouver un effet qui tuait par dessus, qui allait vraiment le compresser, après j'ai trouvé ce son de basse, j'ai mis un effet dessus et voilà, c'est tout ce que c'est. Deux effets, un pied, une basse, quelques charleys et claps. J'ai essayé de rester minimal à mort et c'est vrai que ça marche.

Les morceaux les plus simples sont souvent les plus beaux et les plus efficaces en matière de techno.
Ce n'est pas toujours vrai. Mais j'avoue que j'ai toujours été étonné du succès de Robert Hood par exemple. Tu écoutes les M-Plant, il n'y a rien. Un pied, un son, un charley fermé ou même rien, un pied, un son qui durent cinq minutes. Le son va évoluer un tout petit peu et à partir du moment où va rentrer un charley fermé la piste de danse devient folle et ça c'est vraiment génial. C'est génial que quelqu'un soit arrivé avec des morceaux aussi minimalistes à trouer le cul et faire péter les plombs aux gens, autant que si tu utilisais un roulement de caisse claire ou une montée de TB 303. Je trouve ça vachement beau. Et c'est vrai que j'ai continuellement pensé à la piste de danse pendant l'élaboration de "Crispy Bacon". C'est un morceau qui a la pêche parce que le son est là. Le son est beaucoup mieux traité et beaucoup plus couillu, il y a beaucoup plus de relief par rapport à mes maxis précédents. J'ai sans doute aussi mieux appris à me servir de mes machines.

Est-ce qu'à tes débuts, lorsque tu as commencé à composer, tu n'étais pas paralysé par l'admiration que tu pouvais porter aux grands de la techno, les Jeff Mills ou Mad Mike par exemple ?
Sans doute. Disons que je ne me sentais pas "paralysé", mais il faut avouer que c'est ennuyeux d'être DJ, de jouer tant de bons disques et de te dire "si je bosse un peu je peux y arriver". Au début, je faisais un morceau, j'en étais content, il fallait que ça sorte rapidement et le moment venu, ça ne me plaisait plus. Je me disais "c'est pas mal mais j'aurais pu faire mieux". J'ai travaillé totalement différemment sur l'album, j'ai composé, j'ai pris mon temps, j'ai réécouté les morceaux, et je les ai retravaillés. C'est la première fois que ça m'arrive. C'est vrai pour "Crispy Bacon", pour le remix de "The Hoe" aussi mais l'original aurait pu être bien meilleur. Les autres, je les ai retravaillé vingt ou trente fois et c'est vrai que je les sens plus aboutis. En somme, la chose qui me manquait, c'était une vraie méthode de travail.

L'album "30" semble correspondre à un vrai changement dans ta vie ?
Ca correspond à la trentaine, tu sorts moins et tu as peut-être envie d'écouter des choses plus calmes. Les morceaux groovy sur "30" sont vraiment dancefloor mais il y en a sans doute d'autres qui vont prêter à confusion, parce que plus adaptés à l'écoute chez soi. C'est aussi ma façon de vivre, j'écoute beaucoup de musique chez moi, et la techno m'ennuie lorsqu'elle est seulement formaté pour le DJ ou le dancefloor. Il y a des albums techno qui sortent en ce moment qui sont très intéressant mais tu peux pas les écouter chez toi. C'est le cas de l'album de Joey Beltram, qui est génial mais tu ne peux tout de même pas l'écouter dans sa longueur. Ca va pas être chiant parce que sa musique est bien produite mais ça va être vite fatiguant et lassant. Voilà pourquoi j'ai voulu faire un album, un vrai album. Ca s'écoute dans la longueur, il y a peut-être le morceau reggae qui va choquer mais j'aime le reggae. Disons que je voulais faire quelque chose de beaucoup plus personnel que "Shot In The Dark".

Est-ce que tu as une quelconque nostalgie ou des regrets vis-à-vis de la première époque de la house et de la techno ?
Mon regret principal c'est qu'aujourd'hui c'est devenu une industrie, c'était plus spontané à l'époque. Il y a des morceaux que je jouais mais qui ne pourraient plus passer aujourd'hui. Les gens avaient plus d'humour et c'est vrai que le manque d'humour a enfermé le milieu techno dans un espèce de ghetto-intelligentsia un peu casse-couille. On pouvait se permettre de jouer des trucs italiens un peu kitsch qui faisaient vraiment sourire les gens. Aujourd'hui on te jette une canette de bière à la tronche si tu t'aventures à jouer de tels morceaux. C'est un peu dommage parce qu'on est dans un monde un peu hard et si on peut plus s'amuser. C'est aussi pour ça que j'ai appelé le morceau "Crispy Bacon", c'est un nom très con, tout comme "La minute du répondeur le plus casse-couille". Je voulais avoir un note drôle sur l'album, je ne voulais pas que ça fasse trop masturbation intellectuelle. En tout cas, le mouvement techno évolue. Au début on essayait un peu tout, on avançait à tâtons, aujourd'hui, il y a une unité très forte dans le monde de la musique électronique. On a fait beaucoup plus d'expériences depuis trois ans que ce qui a été fait dans les sept premières années. Tu écoutes Autechre, tout ce que fait Warp en ce moment qui est passionnant -tellement intéressant d'ailleurs que ça en devient parfois chiant. Il y a donc une véritable audace musicale en train de briser les barrières entre les genres. Les gens se tiraient plus dans les pattes il y a quatre ou cinq ans, aujourd'hui il y a un certain respect et même si tu n'aimes pas tu respectes. Les musiciens français se respectent les uns les autres même si c'est pas leur musique, et ils en font la promo à l'étranger. Les organisateurs de soirées s'aident beaucoup plus aussi. Je regrette rien, tout ce que j'ai fait, je l'ai fait à 99% parce que je le voulais, avec tout mon coeur.

Par contre, les jeunes DJs et le public ont parfois tendance à s'enfermer. L'éclectisme et la curiosité ne sont plus de mise.
C'est vrai. Je vais d'ailleurs te raconter une anecdote. Hier soir j'étais au Rex comme chaque jeudi. J'ai joué jusqu'à sept heures, et vers six heures et quart je me suis dit "ça va, j'ai envie d'écouter autre chose que de la techno" et j'ai joué ce disque "99", avec des trucs comme Liquid Liquid et ses morceaux mega-funk-disco-dub. J'ai joué vingt minutes de ça et il y a deux ou trois mecs qui sont venus en hurlant, "ouais qu'est-ce que c'est que cette merde", je leur ai dit, "attends ça fait six heures et demi que je joue de la techno, j'ai envie de jouer autre chose, essaye de t'asseoir et écoutes et vient me voir à la fin du set, je pense que musicalement c'est excellent et ça a carrément à voir avec ce que je vous ai joué précédemment". Et les mecs sont venus gueuler et c'est vraiment dommage d'être arrivé à une époque ou si tu leur passes pas ce qu'ils veulent ils vont venir te faire chier toute la nuit, c'était pas comme ça il y a quatre ans.
J'ai toujours essayé de pratiquer l'éclectisme dans mes mixes mais les jeunes DJs sont en train de s'enfermer dans un espèce de tunnel. Ils vont soit choisir la voie de la hardtechno style Joey Beltram ou Jeff Mills ou ils vont n'être que house et garage tendance Strictly Rhythm, ou seulement drum & bass. Mais ça fait longtemps que ça dure, ça n'est pas un phénomène récent, les mecs sont soit dans la Goa ou dans le hardcore et ils ne mélangent pas. Ce qui me fait rire et ce que je trouve excellent de sa part c'est que Manu Le Malin ai fait un set house au Rex il y a quelques mois. C'est génial, ça va foutre une claque aux jeunes et ils vont se dire que même Manu écoute ce genre de choses-là. F Communications a fait par exemple venir jouer à la Locomotive la reine du hardcore Liza N'Eliaz, pour jouer ambient, tout ça pour montrer aux gens la nécessité de l'éclectisme. Et je pense que les gens les plus importants dans cette scène, Carl Cox, Lenny Dee ou Jeff Mills, sont des gens ouverts d'esprit. Et si eux montrent aux plus jeunes qu'il y a une musique avant la techno, ou qu'il existe de nombreuses autres voies à part la techno, c'est la clé du futur. C'est ce que j'ai essayé de faire sur mon album. Mais c'est vrai que j'ai moins une connotation techno que pas mal d'autres DJs. La chose qui me plaît le plus à mon propos, c'est ce qualificatif d'éclectisme justement. Je joue de la house, de la techno, du drum & bass, j'ai toujours aimé la musique dans son ensemble, la preuve, c'est le label F Communications. Il n'y a rien de plus chiant que d'entendre trois heures de suite de la techno ou du garage. Jeff Mills est venu jouer l'autre jour au Rex, il a mixé pas mal de trucs durs pour enchaîner par la suite par des maxis genre Basement Jaxx et les gamins étaient sur le cul et sont venus se plaindre. Et c'est bien, ça prouve que leur dieu n'est pas enfermé et stupide.

Il semble que cette année, la house ou la techno soient soumises à d'énormes enjeux économiques ?
Chez les majors, oui (rire ironique), mais c'est plus inquiétant qu'encourageant. Lorsque les majors ont mis leur nez dedans, ça a souvent été la fin d'un mouvement. Ca me fait peur.

Tu as subi la pression des majors ?
Personnellement, très peu. Éric Morand, qui lui est au bureau de F Communications chaque jour a sûrement beaucoup plus affaire à eux. J'ai eu une ou deux approches de majors et je pense que ma réponse les a refroidis assez rapidement. Je ne fais pas de la musique pour les gens qui veulent faire du pognon ou du business au lieu de promouvoir la musique. Donc je suis très fidèle à F, je préfère gagner des cent plutôt que des mille et au moins faire ce que j'ai envie de faire et que l'on ne m'impose rien. Lorsque l'on licencie des titres pour des compiles, on fait extrêmement attention, on demande toujours à voir le tracklisting. C'est bien aussi d'être compilé parce que c'est quelque chose de très fort sur le marché aujourd'hui et c'est bien de se faire connaître par ce biais là. Lorsque j'avais quatorze ou quinze ans, j'ai découvert la musique par les compiles, j'allais à la Fnac et j'achetais ces compiles "Mastermix" de funk plutôt underground, des trucs de chez Prelude, et si les morceaux me plaisaient, j'achetais les albums. Mais ça serait dommage que les majors arrivent à bousiller le marché à cause d'une surproduction de compiles. Pour un artiste, c'est difficile aujourd'hui de vivre que de sa musique, surtout dans le monde techno où lorsque tu arrives à vendre deux mille maxis c'est déjà très bien mais ça te rapporte peu.

Y a-t-il de jeunes artistes sur lesquels tu paries ?
Bien sûr. Elegia tout d'abord, mais aussi Ready Made, Aqua Bassino ou Jori Hulkkonen, tous édité chez F Communications. Sans oublier les gens du label français Ozone ou l'association Tekmics dont les productions sont de mieux en mieux. La relève arrive, I:Cube, DJ Deep... Ca va prendre encore un peu de temps mais je crois beaucoup à l'émergence d'une nouvelle génération.
Mais il y a toujours eu plein de trucs en France. L'explosion des Daft Punk, ça a beaucoup aidé le mouvement, sans oublier Erik Rug et tout cette mouvance deep et house parisienne. Disons qu'il y a eu l'époque du label Fnac Music, qui a bien bossé en Allemagne et en Angleterre, puis F Communications, puis un break puis toute la mouvance du Sound Of Paris, Rug, Dimitri, Motorbass, qui ont eu une super hype en Angleterre. Mais il y a aussi d'autres jeunes français que l'on oublie souvent comme celui qui a signé Vigi-Pirate sur le label berlinois Tresor, un autre qui vient de signer deux maxis sur Harthouse. C'est bien que les français fassent aujourd'hui partie de la carte mondiale de la musique électronique. J'espère que ça va continuer et que ce n'est pas seulement le fruit de la hype. Tu sais il faut faire vraiment attention avec ce qui se passe en Angleterre, ça marche à la hype. J'espère que l'on va pouvoir assurer dans le travail et sur la longueur. Je suis très fier de ce qui se passe ici et je joue dorénavant énormément de trucs français. Olivier Le Castor m'a passé son nouveau maxi qui est sublime et je joue chacun de ses morceaux, et je sais que je vais favoriser le plus souvent possible les disques français parce qu'à un moment donné, il faut être fier de ce qui se passe dans notre pays. Et pour une fois que l'on vend plus de disques que Johnny Hallyday et que l'on n'a pas besoin d'affréter des charters de français pour remplir une salle à Las Vegas ! Tu fous Daft Punk en Angleterre, ils remplissent une salle !

Propos recueillis par Jean-Yves Leloup.
Photo : Philippe Levy.