Interview : Brian Eno

Eno NOVEMBRE 98
Petits mots d'une star iconoclaste autour de Dieu, des ordinateurs, de la musique ambient, de la pop music et d'un libre Journal

Cela se passait le 5 novembre 1998 au Virgin Megastore des Champs-Elysées : Brian Eno répondait aux questions d'un parterre de spectateurs à propos de son livre événement, son Journal de l'année 95 : "Une année aux appendices gonflés" (Serpent à Plumes). Jean-Michel Reusser, producteur et ami de Brian, faisait l'intermédiaire avec talent pour une interview au final très multicolore, occasion parfaite de faire le point sur l'un des plus grands créateurs de notre fin de siècle : artiste se défiant des artistes; musicien ou plutôt peintre de sons et textures sonores; producteur de U2, de James, de David Bowie et des Talking Heads; cuisinier émérite; père de famille tout aussi honorable; clavier féminisé du premier Roxy Music; amateur de femmes; enfanteur de la musique ambient; héritier conscient ou non de Swift et de Duchamp; et des tas d'autres attributs à découvrir par notre page Evénement, au fil de notre interview çi-dessous ou directement dans son Journal...




Parlons de votre livre, (s'adressant à l'assistance) le journal de Brian de l'année 1995. Trois ans après les faits que tu évoques, que penses-tu de ce livre ?... Si tu l'as lu !
BRIAN ENO : Je n'ai pas vraiment lu le livre avant de le publier. Si je l'avais fait, je ne l'aurais pas laissé paraître tel quel ! Ce livre était un journal, un journal personnel. Ce n'est qu'à la fin de l'année 95 que je me suis dit que j'allais le publier. C'est pourquoi il comporte tant de détails embarrassants... A l'époque où j'ai pris ma décision, je ne l'ai même pas relu, j'ai demandé à quelqu'un de le taper. Puis j'ai demandé à ma femme de le lire pour me dire s'il y avait quoi que ce soit d'illégal. Et je l'ai envoyé à l'éditeur. La première fois que je l'ai vraiment lu, il était déjà publié. Et aujourd'hui je le lisais dans le train en venant ici et... j'ai pensé qu'il était très bon !

Pourquoi un CD dans la version française du livre ?
Dans le livre, je parle de la musique sur laquelle j'étais en train de travailler. Donc nous avons pensé à mettre un petit disque avec ces morceaux qui de toute façon ne seront jamais publiés. En fait, ils étaient ratés ! Et il y a également pas mal d'autres ratages de mon quotidien dans le livre. Dans ma vie, il y a tellement de choses que je commence, des choses qui n'évoluent pas dans une bonne direction et que j'abandonne en chemin. Vous savez, un journal permet de voir la partie infructueuse de la vie de quelqu'un.

(Jean-Michel Reusser pose à partir de maintenant des questions envoyées par l'assistance) Continuez-vous à tenir un journal et comptez-vous en publier un dans le futur ?
Je tenais un journal cette année mais quelqu'un me l'a volé en août. C'était un journal très long et extrêmement personnel que je n'aurais de toute façon jamais publié. Non, en ce moment je ne tiens plus de journal.

Vous êtes submergé de demandes de collaborations. Vos choix sont-ils toujours artistiques ou y-a-t-il des choix affectifs ? Y-a-t-il des collaborations dont vous êtes l'initiateur ? Quelles sont celles à venir ?
En terme de collaborations, je fonctionne par amitiés. Mais mes amitiés sont souvent basées sur le fait que j'apprécie les gens en tant qu'artistes. De toute façon, ce n'est pas agréable de travailler avec des gens que vous n'aimez pas. A propos de mes plus récentes et prochaines collaborations, je viens de produire un enregistrement du groupe James et je travaille avec un Allemand nommé Peter Schwemmels, un artiste hip-hop jazz. Il a un groupe qui s'appelle Slop Shop. Ils ont fait un bon disque, vous devriez l'acheter. Est-ce que j'écoute toutes les maquettes que je reçois ? Non. Par exemple rien que pour ce soir je sais que je vais recevoir au moins cinq démos. Je n'ai tout simplement pas le temps de les écouter.

Bonjour Brian, c'est Laura. La dernière fois que nous nous sommes parlés, vous m'avez dit que votre prochaine sortie serait un album de chansons. Est-ce le cas ? Et sinon, sur quoi êtes-vous en train de travailler en ce moment?
(Brian Eno reconnaît apparemment la Laura en question) Quand j'ai commencé à écrire des chansons, il y a bien longtemps, je me suis fixé comme règle de ne jamais utiliser les mots "I" (je), "you" (tu, vous) ou "love" (amour). En me fixant cette règle, je pensais me condamner à créer quelque chose de nouveau. Mais mes nouvelles chansons ne respectent pas toutes cette règle... Le principe de départ impliquait que je ne figure jamais personnellement dans mes chansons : je n'ai jamais voulu apparaître dans ma musique. La pop music est tellement basée sur le culte de l'individu que je trouvais intéressant de faire une musique impersonnelle. Par exemple, l'une des idées de l'ambient music était de composer une musique qui tienne par elle-même, sans musicien.

Votre journal a-t-il quelque relation que ce soit avec votre travail ?
Bien sûr. Le journal décrit les situations de travail quotidiennes dans lesquelles j'étais plongé cette année-là. Une année pendant laquelle j'ai travaillé avec beaucoup de gens différents. Mais mon journal donne aussi mes recettes de cuisine. Ou les pensées que j'avais à propos de différentes femmes à bicyclette... Ce n'est pas seulement un journal de travail, mais aussi, de façon plus générale, d'idées qui me viennent au quotidien et dont je veux me souvenir. Le livre se divise en deux parties. Le journal occupe la première, et dans l'autre on trouve quelques longs essais (les "appendices gonflés" du titre de l'ouvrage) sur certaines des idées qui apparaissent dans le journal. Tu pourrais peut-être lire une partie du sommaire pour donner une idée du contenu ?

Il y a un essai sur l'ambient music, un essai sur la pensée axiale, qui est assez fascinant, un chapitre sur un économiseur d'écran, un texte sur les célébrités et les actions caritatives, une nouvelle intitulée "Psychiatrie cosmétique", un essai sur le concept de Défense, un autre sur la "Fontaine" de Duchamp...
Il y a peut-être 35 essais... celui-ci est bon (il désigne le sommaire).

(Jean-Michel Reusser s'exclame) Vente aux enchères de sperme ! Quand doit sortir la suite de l'album "Outside" (avec David Bowie). Est-il dans la continuité du premier où y-a-t-il un changement radical ?
Je ne sais pas, on ne l'a même pas commencé... Mais vous savez, c'est beaucoup plus drôle de faire des projets que de les réaliser. Par exemple j'ai monté en 1978 un label de disques appelé "Ambient Records" et nous n'en sommes toujours qu'à quatre disques sortis sur ce label ! J'ai toujours pensé que c'était une idée si bonne que quelqu'un prendrait la relève, mais non. J'aime bien avoir des idées, sans pour autant toutes les réaliser.

(Brian Eno : Celle-ci est très flatteuse) Je pense que vous êtes l'un des trois plus grands compositeurs contemporains, mais curieusement vous n'avez travaillé qu'une seule fois avec les deux autres : Peter Gabriel et Robert Fripp. Y aura-t-il d'autres collaborations entre vous trois ?
Je ne sais pas si nous retravaillerons ensemble tous les trois. J'ai un travail en cours avec Robert Fripp depuis plusieurs années. Et je pense d'ailleurs qu'il s'agit de l'un de mes meilleurs travaux. Mais il n'est toujours pas terminé.

(Jean-Michel Reusser s'adresse au public) Cette question porte sur l'eau, sur la permanence de l'eau dans ton travail, que ce soit dans les textes ou dans les ambiances...
Beaucoup de mes chansons ont à voir avec la navigation maritime, avec les bateaux. Et cette métaphore m'intéresse parce que, quand vous naviguez, vous vous dirigez vous-mêmes en tenant compte de puissants courants. Pour moi cette image de la combinaison entre la volonté humaine et le "Zeitgeist" (le temps qui passe) est très forte .

Est-il possible d'utiliser votre musique pour un film ?
Oui vous pouvez l'utiliser, mais si vous faites de l'argent, je veux en toucher une partie!

Pensez-vous qu'on se rappellera de vous pour votre oeuvre solo ou pour votre collaboration avec U2 ? Que pouvez-vous nous dire sur le nouveau U2 sur lequel vous êtes supposé travailler ?
On se souviendra de moi pour les deux... si du moins on se souvient de moi. Peut-être que j'ai déjà été oublié, que les gens ici sont les seuls qui se rappellent de moi. Pour la deuxième question, je n'ai pas la réponse parce que nous venons de commencer à travailler.

Pouvez-vous évoquer votre notion de l'ambient music par rapport à la musique d'ameublement d'Eric Satie ou à la musique de La Monte Young dont vous avez joué un titre en 1968 durant une heure et demi ?
A la fin des années 60 et au début des années 70, les gens ont commencé à écouter la musique de manière différente. C'était probablement parce que les systèmes de hi-fi étaient bien meilleurs et bien moins chers qu'ils ne l'étaient auparavant. Les gens se sont de plus en plus intéressés à la texture du son, à son atmosphère. Et c'est bien sûr de là que la musique psychédélique est sortie. La musique psychédélique est le premier style de pop music qui s'intéresse vraiment aux sons. Ce qui a commencé à se produire, c'est que les gens écoutaient moins les paroles et les mélodies que l'atmosphère de la musique. Avec mes amis, nous nous échangions des cassettes qui comportaient presque toujours le même type de musique, alors que les maisons de disques sortaient à l'époque des albums avec une chanson rapide, une chanson lente, une chanson joyeuse, une chanson triste. Moi, j'étais attiré par une musique aussi linéaire que possible. La Monte Young, un compositeur américain qui a collaboré avec le Velvet Underground première mouture, était en un certain sens le premier compositeur minimaliste. Ce dont je me suis rendu compte en écoutant sa musique, c'est que plus on l'écoutait, plus le son devenait intéressant. Une bonne partie du travail de La Monte Young consiste à se concentrer de plus en plus précisément sur les détails du son. Ce que je voulais faire avec la pop music. Je voulais aller contre cette inflation de la production rendue possible au début des années 70 grâce à l'apparition des procédés d'enregistrement multipistes. A cette époque, les gens mettaient dans leurs morceaux des orchestres, des choeurs russes classiques, tout ce qu'ils voulaient... J'étais à la recherche d'une musique plus épurée.

Vous avez dit récemment que les ordinateurs n'étaient pas assez africains. Pourriez-vous développer cette idée ?
Les ordinateurs sont le reflet des hommes qui les ont développés. Et les hommes qui les ont développés vivent entièrement dans cette partie de leur corps (il montre sa tête). Donc l'acte physique d'utiliser cet objet (il montre la souris) me dégoûte. Ca me rend malade de l'utiliser, je pense que c'est une horrible machine. Quand je dis que les ordinateurs ne sont pas assez africains, je veux dire qu'ils n'impliquent aucune partie de notre corps dans un rythme physique, de façon excitante... Vous savez, nous avons ce truc ici qui s'appelle notre corps, qui a mis trois millions d'années pour arriver où il en est aujourd'hui et qui fonctionne vraiment bien. Et maintenant voilà qu'on arrive à cette machine qui n'a que 25 ans derrière elle et qu'on abandonne complètement cet outil-là (en montrant son corps). C'est complètement idiot. Je travaille tout le temps avec des ordinateurs et ça m'insupporte. Je me sens mourir quand je les utilise. Vous savez la raison pour laquelle les gens qui travaillent en permanence sur des ordinateurs pratiquent toujours des sports extrêmes ou bien sont sado-masochistes ? C'est parce qu'ils n'utilisent pas leur corps au quotidien. (rires dans l'assistance) Vous ne saviez pas ça ?

Quelle est la signification des vidéos qui sont retransmises derrière vous (une dizaine d'écrans sont disposés en hauteur derrière l'estrade) ?
Ce sont des vidéos que j'ai faites pour le "Zoo Tour" de U2. Mais je ne crois pas qu'ils les aient utilisées. Donc si quelqu'un les veut, elles sont en solde (rires).

A quand "Music for films" volume 2 avec Jon Hassel ? Cela fait vingt ans que nous attendons...
Vous attendez depuis vingt ans... J'en suis désolé (il rigole). Quand j'écoute mes vieux albums, il y a tellement de choses que j'entends et je pense "Mais pourquoi n'ai-je pas approfondi cette idée ?". Mais je pense toujours que d'autres peuvent récupérer ces idées et les approfondir eux-mêmes. Je pense qu'il y a deux différentes sortes d'artistes : les cow-boys et les fermiers. Vous savez, les cow-boys aiment trouver de nouveaux territoires, planter des pieux dans la terre et installer des barbelés pour bien les délimiter. Les fermiers aiment cultiver la terre. (il chante sur un air de western) : "All the cow-boys and the farmers can be friends..." (rires dans l'assistance) C'est une chanson de l'Oklahoma. J'ai pensé qu'un interlude musical pourrait être rafraîchissant...

Quel est le point de départ des "Stratégies Obliques" ?
(Brian Eno montre des cartes) Ce sont justement des stratégies obliques. Il y a à peu près cent dix cartes dans le jeu. Une idée est écrite sur chacune des cartes. Chaque idée sert à vous aider à sortir d'une situation de travail délicate. J'ai recours à ce système depuis une trentaine d'années. Je m'étais rendu compte qu'en situation de pression, vous oubliez toujours vos meilleures idées. Et après avoir quitté le studio, vous vous dîtes "Mais pourquoi ne me suis-je pas souvenu de faire ceci ou cela ?". Donc j'ai commencé à établir une liste de ces choses dont je voulais me rappeler. Je vais vous donner quelques exemples de ces "stratégies obliques".

(Jean-Michel Reusser lit plusieurs cartes) "Remets en question l'approche héroïque"... "N'aie pas peur de montrer tes talents"... "Continue"... "De rien à plus que rien"...
Quand vous ne trouvez pas l'inspiration dans votre travail, plutôt que de me passer un coup de téléphone (rires dans l'assistance), puisque cela coûte quand même 4 livres 95 la minute, consultez donc l'une de ces cartes... mais je ne sais pas si elles sont disponibles en France.

Est-ce qu'on peut en trouver d'inédites dans votre livre ?
Oui, mais c'est une édition privée que Peter Norton, un milliardaire qui travaille dans le software, a fait pour ses amis. De toute façon, les "stratégies obliques" sont sur Internet.

Quelle est votre vision de la nouvelle musique électronique, de la techno, drum'n bass, jungle, jusqu'à l'underground expérimental ? Diriez-vous que vous en êtes le "parrain". Je fais référence à vos collaborations avec Robert Fripp et David Byrne.
Et bien... cette musique a beaucoup de parrains, je ne suis pas le seul. Beaucoup de gens oublient que des groupes allemands des années 70 ont été fondamentaux. Par exemple Can, Cluster, Kraftwerk. Les gens qui viennent de la musique concrète sont importants également. Mais le vrai parrain de cette musique est bien sûr la musique africaine. C'est de là que tout vient. Vous savez, je pense de temps en temps que dans trois ou quatre cents ans, quand des gens établiront une généalogie de l'histoire de la musique, tout ce qu'on appelle à l'heure actuelle le rock ne représentera qu'une brindille de la branche "musique africaine". En fait, la majeure partie de ce que nous faisons, c'est de la musique africaine... C'est l'influence africaine qui distingue le rock et le jazz de la musique classique.

Quelle est la place de Dieu dans votre vie ?
Dieu n'a pas de place dans ma vie. Je suis athée. Les gens me disent parfois : "Vous ne trouvez pas la vie bien vide sans Dieu ?". Mais en fait je la trouve trop pleine avec lui ! (rires dans l'assistance) Je suis minimaliste, vous savez. Si vous pouvez imaginer un univers sans Dieu, alors pourquoi en créer un ? Une de mes amies, une vieille dame athée, m'a confié que la pire déception qui pourrait lui arriver serait d'apprendre qu'il existe un dieu !

Aimez-vous donner des interviews en public ? Qu'est-ce que ça vous fait d'avoir vos pensées intimes publiées ?
Comme vous pouvez le constater, je suis terriblement timide, je déteste donner des interviews en public et je suis très embarrassé par tout ce qu'il y a dans mon journal. D'ailleurs, j'espère que vous ne le lirez pas ! (rires dans l'assistance)

(rires de Jean-Michel Reusser) Dans un texte intitulé "Spider and I", vous utilisez le mot "I" (je). (voir plus haut)
Ok, gagné.

En quoi les artistes de l'art brut ont-ils influencé votre musique ?
La pop music, à ses débuts, était vraiment une forme d'art brut. Si vous écoutez le "do-woop", c'est la musique la plus bizarre qui ait jamais existé, et c'est de l'art brut autant que le début de la pop music.

Aimez-vous le LSD ?
Non. Le LSD est un peu trop proche de Dieu, ça ne m'intéresse pas trop. Ce que j'aimerais, puisque le livre a été traduit en français, c'est qu'on en lise un extrait en l'ouvrant au hasard.

(Jean-Michel Reusser s'exécute)
9 août 1995.
Nouvelles Stratégies Obliques :
- Décris le paysage dans lequel ceci est à sa place.
- Qu'y a-t-il d'autre qui ressemble à ça ?
- Fais la liste des qualités que ça possède. Puis celle des qualités que tu aimerais. - Au lieu de changer la chose, change le monde autour.
- Qu'est-ce qui en ferait quelque chose de vraiment réussi ?
(il change de page) 2 mai 1995.
Retrouvé Darco et le photographe à l'aéroport de Zagreb. Il espérait nous y emmener et passer la journée avec nous, mais je voulais rentrer. Alors j'ai dit : "Pourquoi ne pas faire notre interview ici-même ?". Il n'avait pas de matériel, mais fort heureusement j'avais un lecteur de microcassettes, ce robuste témoin de l'histoire de la musique moderne.
(il change de page)
C'est une lettre à Stewart.
Je pense à un projet pour mon nouveau studio. Un divertissement à dire vrai. Je veux faire un grand diagramme sur le mur le plus long, un peu comme une frise qui serait un voyage logarithmique à travers les dix derniers millénaires, les cinq premiers occuperaient donc, disons, le premier quart...

Ok, c'est bon. Je voulais juste vous donner une idée de ce qu'il y a dans le livre. Ces extraits n'étaient d'ailleurs pas très embarrassants. Je crois que nous en avons terminé. Merci d'être venus. (applaudissements).

Interview menée par le Jean-Michel Reusser et le public du Virgin Megastore des Champs Elysées, le 5 novembre 1998 au soir.
Mise en forme de l'interview : Antoine Calvino.
Photo : Richard Dean.