Business de la musique techno



1. Quelle place pour les grands groupes multinationaux ?

La techno est un mouvement neuf mais déjà menacé par la récupération marchande. La techno est en passe d'être récupérée et aseptisée par les grands groupes. On ne compte plus l'ouverture de nouveaux détaillants, spécialisés dans la techno, à Paris mais aussi en province. Depuis trois ans, le rayon techno des grands réseaux de distribution s'étend considérablement et ont vu leurs ventes exploser de plus de 500% en quelques mois. Il est loin le temps où les auto-distributions étaient la seule solution, où les labels indépendants se créaient et produisaient avec les moyens du bord, avec l'envie de la musique. Ce nouveau marché est en telle croissance que chaque grand groupe compte un département spécialisé dans la musique techno. Les grands groupes comme BMG, Virgin, EMI, Sony ou encore Warner ont tous leur dance-pool. Malgré tout, les indépendants existent encore, même si leur importance sur le marché techno a fortement diminué. La nouvelle promotion pour la techno faite par ces groupes est bien huilée. Sans évoquer la French touch qui permet à ces groupes d'exporter la musique techno française dans l'Europe et même en Amérique.

Certaines personnes pensent que le potentiel commercial des musiques électroniques n'est pas si important que veulent faire croire les grands labels. Surtout en Amérique où la techno a encore du mal à prendre ses marques. Larry Flick, journaliste du magazine Bilboard, dira même: "Ce genre musical a suscité des attentes démesurées de la part des grandes maisons de disques." Il faut dire aussi que les grands labels tuent parfois la poule aux oeufs d'or, avant qu'elle n'ait pondu. Car ils ont sortis trop de disques de qualité douteuse au même moment. En Amérique, cela a effet que cette musique est considérée, par certaines personnes comme une sous culture et la place sur le même plan que les boy's band, la dance ou le hip hop commercial. La techno souffre sans aucun doute d'un problème d'image, car elle repose davantage sur la participation que sur la représentation, davantage sur l'appartenance à la communauté nocturne des boîte de nuit ou des raves que sur le charisme de l'artiste. Il faut dire que cela change un peu depuis quelques mois. Mais cette particularité, qui paraît comme un inconvénient sur le plan commercial, fait également sa force et son pouvoir de séduction. En termes de popularité et d'intégration au quotidien, l'Amérique n'est pas encore au niveau de l'Europe ou la techno a plus ses marques que dans ce pays où pourtant la techno est née.

Il se peut même que dans quelques temps, on ne voit arriver un techno-machine sur le bon vieux principe du Dance-machine passé de mode. Les sponsors se bousculent au portillon.

Les organismes professionnels ont du mal à reconnaître le statut d'artistes-interprètes et de créateurs aux D.J. La Sacem pourtant accepte désormais qu'un D.J apporte une cassette au format DAT pour faire retranscrire et déclarer une oeuvre qu'il vient de créer. Il faut aussi remarquer que les Américains et les Japonais tiennent la quasi-exclusivité de la production industrielle des synthétiseurs, principal instrument des D.J.

2. L'ampleur du marché techno.

Le marché basé sur la techno est en plein évolution et au fil du temps se démarque et prend de l'importance. Mais il faut remarquer qu'en 1997, l'ensemble des crédits d'intervention de la direction de la musique et de la danse (DMD), pour les musiques actuelles s'est élevé à 67 millions de francs, contre 630 millions de francs pour le seul Opéra de Paris. Le chiffre d'affaires de l'industrie discographique atteint les 10 milliards de francs, dont 80% relèvent des musiques actuelles. L'Etat encaisse 2 milliards de francs de TVA, soit l'équivalent du budget de la DMD pour 1997 (1,973 milliards de francs), auxquels s'ajoutent la TVA sur les instruments de musique (à 20,6%) et sur les droits d'auteurs et les concerts (à 5,5%).

La musique est le seul secteur culturel où l'État reçoit de la TVA plus qu'il n'en distribue disent certains rapporteurs. Alors que cette recette provient essentiellement des jeunes et des classes moyennes, elle est redistribuée au profit quasi-exclusif des musiques classiques (93% du budget de la DMD) qui ne touchent que 10% de la population. Comment dès lors ne pas considérer que l'État ponctionne les jeunes et les classes moyennes pour financer les élites économiques et culturelles?

La Commission demande donc à l'État, un "rééquilibrage urgent" et "un redéploiement des crédits et des interventions", estimant les besoins du secteur "dans une fourchette de 250 à 300 millions de francs".

Sinon le budget de la Techno Parade, s'élève à 1,8 millions de francs. Alors qu'on estime celui de la Love Parade allemande à plus de 8 millions de francs. 65% sont assumés par des partenariats privés comme France Telecom et la FNAC, 15% par les subventions du ministère de la culture et des sports, 15% par les droits de diffusion radio (NRJ) et télévision (M6), et 5% par les cotisations des participants. Chaque char qui compose cette Parade est payé entre 600 et 6000 francs, suivant la taille des messages publicitaires. Faute de moyen, l'exposition qui devait se tenir en même temps que la Techno Parade a été annulé et avait été rapporté le 19 novembre. Le gestionnaire de Technopole, Arnaud Frisch était inquiet: "Nous tiendrons ce budget si la préfecture de police ne nous facture pas ses services, comme elle le fait lors de manifestations privés. Pour l'instant rien n'est réglé". Heureusement pour la Techno Parade, la Police n'a pas fait payer ses services.